Coucou,
Oui bien rentré
S, tous mes chevaux et moi
Allons, droit au but : en un mot c'est une BMW, une vraie, qui fait honneur à la marque, son image et son histoire.
Mais, nous n'en resterons pas à ce résumé sibyllin car je vous sens avides de lire le compte-rendu de la façon dont nous nous sommes apprivoisés tout au long des kilomètres séparant le massif du Vercors de celui des Pyrénées
Ceci commença en milieu de semaine lors de l'annonce de la fermeture des 3 premières gares de mon trajet ferré pour une revendication régionale de nos amis cheminots dont je cherche encore le contenu.
Serait-ce la forme des TER par trop profilée nous éloignant des sculptures métalliques des machines à vapeur ou les traverses en béton remplaçant l'acajou, l'okoumé et le palissandre de nos forêts des ex-colonies de l'Afrique équatoriale française qui déclencha l'ire de mes cochers du jour, toujours est-il qu'il fallut se lever aux aurores pour entamer notre périple aller depuis la gare de Montréjeau, bourgade de Cominges, terre de Sharkland, sise dans des montagnes qui ne sont pas tout à fait les miennes.
Une marque subliminale doit exister dans l'espace de mes achats automobiles car pour rejoindre Toulon où l'OrientBlau (E46 330D Touring) demeurait, je fus alors confronté à une grève identique transformant mon trajet en long jeu de cache-cache avec les contrôleurs, n'ayant pu prendre aucun des trains correspondant à ceux imprimés sur mon billet
Touchant au but aux environs de Marseille, je fus pris la main dans le sac ou plutôt le cul en première classe, et je ne dus mon salut qu'au penchant de mon surveillant du jour pour les vieilles BMW, lui racontant, pour l'amadouer, le pourquoi de mes fourberies
A l'issue d'un trajet climatisé à 273 km/h sur sa dernière portion, m'ayant permis de somnoler pour effacer mon réveil matinal, j'arrive à l'heure dans le terminal ultra moderne de la gare de Valence où m'attend le boulanger de Autrans-Méaudre-en-Vercors. Il est des artisans, cœur des villages montagnards, sans qui, nous ne pourrions développer ce qui fait notre charme franchouillard : la baguette croustillante, le croissant au beurre et le casse-dalle copieux.
Le goût pour la bonne chère, au sens premier du bon accueil, caractérise mon vendeur du jour, pétri de bienveillance et d'attention. Tous les documents du véhicule sont présents depuis le jour de la vente après sa construction sur les chaînes de l'usine de Regensburg, que les latins nomment Ratisbonne probablement adoucis par la poésie de ses rives du Danube.
Le "contrat de vente portant sur une automobile neuve" a été établi en ... Belgique à la concession de Waterloo au sud de Bruxelles. Je salue là, mes amis gaulois du nord, pour la pertinence de leur choix linguistique de leur canton capital, ayant peu d'adhérence avec les dialectes de Flandre. Il ne serait pas surprenant que cette 130i toute neuve ait croisée la route de quelques jeunes 635Csi familières du fait de la proximité de leur garage respectif.
Il m'est offert d'apprécier les largesses du premier propriétaire ayant décidé d'augmenter de plus d'un tiers le prix de base à grand renfort d'options toutes plus BMW Professional les unes que les autres. Comme je l'évoquais dans un précédent message, nous retiendrons surtout le kit M, les sièges en cuir, le toit ouvrant et la Hi-Fi Pro tous les 3 électriques
Après les signatures, salutations et pouces levés d'usage, me voici au volant, prêt à démarrer. Malgré ma vive volonté, mon anglais courant m'autorisant la compréhension de la fonction du bouton marqué
Start, seul le contact s'invite au tableau de bord. Après une dizaine d'essais, une vérification de la position du levier de vitesse, l'oubli de mes réflexes de mise en marche de 5665, j'observe ma pression artérielle légèrement augmenter. Suis-je de nouveau atteint de la furonculose SUVesque, mon boulanger a-t-il omis de me signaler un coupe-circuit astucieusement dissimulé, ou la main gauche doit-elle synchroniser une action avec celle de l'index droit
La main, non ... mais le pied, oui : faut débrayer pour démarrer
Je retrouve tout à coup les sensations perçues le dimanche précédent : cette voiture est un pur-sang. Elle est vive, dynamique, délivre un fort couple dès les faibles régimes qui procure un sentiment bondissant à chaque changement de vitesse ou remise en vitesse sur le même rapport. Je ne puis m'empêcher de comparer avec
MrT dont la cylindrée et la puissance étaient supérieures mais le rendement (89ch/litres) identique. Le caractère moteur n'a rien à envier au moteur ///M que j'ai toujours trouvé un poil creux même si ses fulgurances à hauts régimes étaient typiques. Le N52 monte lui aussi à 7000 avec une grande volonté et le fait bien plus vite que le S38 quand il s'agit de partir d'un niveau proche du ralenti. Relancer sur le sixième rapport est un exercice aussi jouissif que pousser les 2000 derniers tours avant la zone rouge. Cette bonne santé est amplifiée par le son rauque des 6 cylindres qui grondent dès les bas régimes. N'imaginez pas pour autant que la pression sonore ne soit par trop présente dans l'habitacle : cela participe fortement à l'ambiance à bord en accompagnant avec le bon dosage les envolées mécaniques.
La position de conduite que j'affectionne m'installe, la plupart du temps, loin du volant avec les bras et les jambes tendues. La course longue de la commande d'embrayage mais surtout la tenue excellente des sièges sport engage à se rapprocher du cerceau pour faire corps avec la machine. Une fois n'est pas coutume me voici les bras pliés, les coudes reposant sur les accoudoirs entre les obstacles ou avec la bonne allonge pour enchaîner quelques virages sans faiblir en vitesse bien aidé par un châssis aimant les appuis francs et une direction hydraulique à la consistance idéale comparée à une commande électrique telle que celle d'Estoril II (F20 M135ix). Ici, les conceptions anciennes présentent des qualités de toucher de route qu'il sera bien difficile de retrouver sur nos automobiles modernes toutes dédiées à la maîtrise de la marge du financier plutôt qu'à la satisfaction du Client. Je ne suis pas encore passé par mes routes favorites, que ceux qui ont participé au Sharkfest à la recherche de l'Ours connaissent, mais les séances de virolos promettent d'être savoureuses avec cet ensemble bien homogène au caractère affirmé : un pur-sang, je vous dis
Inutile de noircir d'avantage les colonnes de ce forum pour vous déclarer que je suis conquis par les premiers kilomètres aux commandes de cette voiture. J'y retrouve beaucoup du meilleur de toutes les autres :
- un moteur encore plus plein que le S38
- une courbe de couple dans la lignée du M30
- une direction plus consistante que la moderne M135
Le châssis, la boîte, l'ergonomie étant pour leur compte encore à découvrir dans les temps à venir
Enjoy