MAURIARTY a écrit:
Finalement, t'as cédé, c'est pas la M5 Touring que tu avais déjà essayé???
C'est pas moche une E34, enfin ya pire je veux dire!
Sauf les jantes sur ce modèle qui à mon goût mériteraient d'être changées.....
MAURIARTY a écrit:
C'est bien ça, je viens de relire la 1ère page de ton post!!!
Alors tu dois nous refaire une présentation, impressions (à nouveau!), etc... Et tes motivations, celles qui t'ont fait revenir vers elle
Moche ... c'est vrai, on ne peut pas aller jusque là. En revanche, c'est quand même banal et archi-classique
Dès l'été dernier (2009), la petite musique des vieux culbuteurs, de nouveau, commença à tintinnabuler. Ouais, c'est ce qui se passe quand je cafarde. Je me réfugie dans mes pensées automobilistiques. L'analyse des petites annonces constituent mon refuge ou plutôt mon évasion. Tout y passe : de la française bon teint des années 60-70, au collector investissable pour restaurer son compte en banque mis à mal par la crise, en passant par quelque teutonne échouée en Périgord : il s'en est fallu de peu pour que cette 2002 Tii Touring n'échoit plus au Sud ...
J'avise tantôt une Lancia Flavia complète mais à restaurer, une CX vert dauphin (toutes mes voitures préférées ont été de couleur verte : Capri 1300 V4, Simca 1100 TI,
5665, Morris Mini ... ), une M5 Touring à vendre à 15 km de chez moi, une Maserati Ghibli furieusement aguichante, une 911 Targa (ma femme en est folle), une B10 Biturbo Touring (E39 : méfiance, c'est multiplexé mais surtout trop moderne), une E500 à l'ombre des pins de ma Provence natale.
Petit à petit, la musique s'installe jusqu'à s'imposer telle la cadence d'un orgue de cathédrale ...
"Ce que j'aime c'est les moteurs ... ce qui fait une auto c'est plus le ramage que le plumage"Et donc ...
- l'anticonformisme de la ligne et de l'intérieur de cette Lancia Gamma ne résistent pas à la - relative - fadeur de son moulin même si l'architecture reste un beau moment de technique.
- le plaisir de voir peu à peu renaître une vieille peinture et un intérieur fanés à l'occasion d'une profonde restauration est gommé par l'apathie de ce 4 cylindres 1800 cm3 qui l'anime, dont l'arbre à came latéral s'affolera dès 4000 tr/mn lors des ballades montagnardes.
- que vaut le châssis aiguisé de cette SM, la ligne de sirène de cette anglaise, si c'est pour arriver aussi peu vite que les autres jusqu'aux fatidiques 130, rubicond de l'automobiliste du 21éme siècle.
C'est ainsi que je finis le cul dans les baquets de cette M5 Touring 3.8 en décembre dernier pour synchroniser mon taux d'adrénaline avec les chiffres du compte-tours. Je vous l'ai écrit plus haut :
Herv' a écrit:
le moteur, la transmission, les freins sont DE-MO-NIA-QUES
Mais je fus assez déçu, alors, par le confort. A y réfléchir, je suspecte que la suspension pilotée du véhicule essayé fut bloquée en position Sport car défectueuse. Et dans ces conditions, les coups de raquettes sont dignes d'un Raphaël Nadal. Bref, le tableau manquait d'équilibre ... un petit rien qui désintègre l'étincelle de passion qui fait plonger ou non. D'autant que dans le même temps la Madera violet illustrant le début de ce post se présenta. Violet - aubergine même - oui pour l'extérieur ... moins pour la sellerie : ce léger détail scella finalement la victoire de la raison contre la fougue du coup de cœur par trop superficiel. Je ne plongeais pas, une fois encore ...
La dernière vidange de la Morris, vous l'aurez compris, me permit de confirmer que l'ensemble des pièces d'un moteur de conception britannique ne sont pas indispensables à son fonctionnement. La réfection moteur-boîte me mobilisa jusqu'à la fin de ce printemps vers une cible hautement altruiste et totalement désintéressée : permettre à mon épouse préférée de se rendre sur son lieu de travail dans un véhicule original ET fiable. L'avenir nous montrera qu'elle m'en sera redevable.
La britische frétillant dans la campagne, me voici revenu dans mes songes tout en nettoyant à la brosse à dent les Récaro destinés à remplacer les Confort de
5665 pourtant en parfait état mais me brisant les lombaires. Frottant centimètres carrés après centimètres carrés, cette tâche fastidieuse laisse la place à toujours la même musique. Et hop, à voir du BM de trop près, on en vient à lorgner du côté de choses réputées comme plus volages ou vaporeuses. Nous voici arrivant sur le perron de la maison au volant d'une belle Ghibli bleu outre-mer, intérieur crème et ronce de poirier. 306 ch, Bi-turbo, ça parle quand même ... nom de zeus
Verdict de la famille :
"Pouah, c'est quoi ce truc ?" ... j'ai pas insisté
Devant ce désaveu unanime de mes progénitures (qui a dit que les enfants n'étaient pas les premiers prescripteurs des achats parentaux ?), je rentrai dans une démarche systématique confinant au décryptage du génome humain. Faut du puissant, faut du banal, faut du familial : ça sera une M5 Touring Evo 2 peu kilométrée avec entretien suivi assuré ... ou ça ne sera pas.
E34 Touring : c'est vieux juste ce qu'il faut avec une ligne passe-partout
M5 Evo2 : le moteur c'est bien, la boîte 6 et les gros freins c'est mieux
peu kilométrée avec entretien suivi assuré : vu la robustesse de la conception, il n'est pas si évident que ça de trier le bon grain de l'ivraie donc ciblons celles qui ont le moins changé de mains.
Accessoirement, je ne veux pas qu'elle soit noire ni à l'extérieur (c'est faisable), ni à l'intérieur (là, ça devient déjà beaucoup plus compliqué). L'habitacle est relativement étriqué, et la couleur sombre écrase encore plus le volume d'autant plus que le tableau de bord et la console centrale ne brillent pas par leur caractère aérien et ciselé. Bref, la perle rare me direz-vous surtout qu'il n'en fut fabriqué que 209 au monde dont une bonne moitié est partie outre-atlantique.
Pourtant, elle apparut. Je vous passe les détails de la recherche pour aborder la découverte du graal.
Française : chouette pas de déplacement jusqu'en Suède et pas de fastidieuses démarches d'importation
Sept 1994 : une des premières Evo 2
Bleu Avus : intéressant ça !
Intérieur Gris : Didiou mais alors c'est vrai qu'il existe autre chose que le noir
Quelques options plutôt sympa : sièges électriques à mémoire, clim auto, rétro et volant M, rails de toit longs (c'est mieux pour les skis), cache-bagages renforcé (permet de poser un objet assez lourd sur le cache sans qu'il ne s'affaisse - très pratique pour mettre les blousons de ski trempés), système audio BMW professional (chargeur 6CD, auto-radio RDS avec double tuner : il recherche en permanence toutes les stations disponibles de la bande FM et en propose le nom à l'affichage, 10 HP), ligne inox SuperSprint, boule pour remorque amovible.
145000 km : 2ème main garantie
Comme ça se présente bien, je prends rendez-vous et achète l'auto (là j'ai volontairement fait court dans le récit
)
Je préciserai juste que la M partageait son garage avec une Honda S2000, et une Caterham CSR (265 ch pour 575 kg, ailes, nez, volant, baquets carbone, pot en titane ... 3,7s de 0 à 100 ... mieux qu'une Enzo) et qu'on pouvait manger par terre.
Outre ses teintes (l'intérieur gris s'accorde parfaitement aux bas de caisse gris eux-aussi ainsi qu'aux jantes) et ses équipements plutôt rares, la voiture présente un état d'usage de très bonne facture. L'intérieur est comme neuf, la carrosserie brillante, la mécanique est propre sans qu'elle n'ait bénéficié de lavage récent (ça se voit au premier coup d'oeil), tout est d'origine (sauf le rétro qui provient d'une E39 et qui, de ce fait, est électrochrome et comporte une boussole). Elle a été importée d'Allemagne en 2002 à 131500 km après avoir été la voiture de fonction d'un membre d'une concession BMW.
Lors de ma traversée de la France la nuit dernière, j'ai pu apprécier une voiture bien différente des M5 que j'avais précédemment essayées.
Aucune vibration, une direction douce et précise, la meilleure boîte que m'a été donné de manipuler, le freinage est d'une modernité effarante (toucher de pédale et puissance) ... et le roulage d'un surprenant confort : elle vire sans roulis sans être un bout de bois et elle absorbe honorablement le bitume malade délaissé par nos amis orange de l'Equipement.
Le pot SuperSprint apporte une touche "fauve" à cet ensemble. Chaque tunnel fut, la nuit dernière, l'occasion de tomber un rapport et d'ouvrir la vitre ... le ralenti est aussi bien plus évocateur du nombre de canassons sous le capot.
Chaque sortie de péage permit de s'étonner qu'une fois à 130, il reste encore 3 rapports à passer ...
Aujourd'hui, j'ai passé la journée au volant ... à 1500 tr, à 7200 tr, à 4000 tr, ce moteur est fantastique ... toujours présent et ne souhaitant qu'une chose : monter dans les tours dans un grondement strident.
Cerise sur le gâteau, c'est presque économique : 10,8 l/100 sur un trajet de 850 km à l'allure réglementaire
Il ne reste plus qu'à adjoindre quelques photos à ces "quelques" mots. Je ferai ça prochainement une fois que j'aurai éliminé les milliers de diptères écrasés sur les naseaux de la bête.
Ah, oui ... un dernier mot ... ma femme est la plus merveilleuse et la plus aimante ... je ne la remercierai jamais assez de m'avoir permis de m'offrir cette folie ... d'ailleurs, je la soupçonne d'un savant calcul lui assurant
ad vitam eternam un surcroît d'affection suite à cette large concession ... dès qu'elle a vu la voiture, elle m'a chipé les clefs pour aller faire un tour ... Verdict : "Dis donc, l'accélérateur est un peu dur, mais quand t'appuies, elle envoie sacrément cet' bagnole ... j'pourrai la prendre pour aller bosser hein ?"
Zut il va falloir que je partage